Jean Louis Dohr.

Le mode de composition de Jean Louis Dohr fait l'objet d'une construction stricte où chaque plan s'élabore pour un meilleur agencement chromatique. L'artiste se révèle être un excellent coloriste jouant avec des nuances en demi-tons lumineux. D'un esprit rigoureux, son amour de l'esthétisme laisse peu de place au hasard.
Sa matière noble est travaillée patiemment par superpositions et juxtapositions.
C'est une longue élaboration pour aboutir aux valeurs, aux vibrations désirées et à un irréprochable équilibre.
Les moyens techniques exploités sont multiples et n'écartent pas les procédés dits "mixtes".
Au détour d'une oeuvre, il sera possible de découvrir un lien à la figuration, à l'académisme également, simple rappel aux valeurs fondamentales incontournables.
Sa passion du texte est soulignée par quelques clins d'oeils lettristes.
Ses oeuvres sont parfois jalonnées d'un langage symbolique, pour qui saura le décrypter.
Jean louis Dohr est un peintre pour qui le travail ne doit pas peser sur l'oeuvre, seul le talent ou la virtuosité doivent transparaître.
Pour lui une chose est évidente : l'abstraction a bien la signification d'une spiritualité laïque.

Jean-Louis Dohr
Ou
Le Minotaure délivré


Même si son cœur bat toujours en Lorraine, le rémois autodidacte, n’y va pas par quatre chemins : « L’abstraction est plus riche que le figuratif mais ô combien plus dangereuse ! ». Assurément, Jean-Louis Dohr ne manque pas de courage. Ces abstractions géométriques, cette architecture robuste que ne démentirait pas le poète Guillevic, sculptent des labyrinthes comme autant d’impasses et des impasses comme autant d’issues.

On ne s’y perd pas, on ressent la présence d’un courant d’air, d’une lueur et c’est à l’instant de ne pénétrer point ou de rebrousser chemin que l’on ressent l’appel d’une indicible familiarité, d’une complicité apaisante, d’une respiration ample et chaleureuse, d’un chemin. Tout bien pesé, le tableau de Jean-Louis Dohr brasse des symboles, la plupart sont volontaires, l’artistes décide, l’œuvre obtempère et certains lui échappent, oui, certains lui échappent. Toute virtuosité de haute vertu engendre sa propre chorégraphie inattendue. Le sphinx s’invite : les énigmes sont posées, y répondre c’est sans doute devenir sphinx à son tour. Etre au cœur des tableaux de Dohr, c’est déjà survoler le champ de bataille, la terre labourée, sa propre carte du tendre, la mosaïque vagabonde des arrivées toujours plus loin. Le fil de Jean-Louis Dohr passe non par la mort du Minotaure ni par la délivrance mais par sa propre métamorphose. Le Minotaure, n’est-il un peu chacun d’entre nous ? Face au danger, Dohr ne ferme pas les yeux, il nous les ouvre…

L’Abbaye de Vinetz
Rue de Vinetz
Châlons-en-Champagne